J’écris avec un stylo à plume, je peux manquer d’encre, je peux aussi perdre les mots. Je dis que je m’évade. Il s’agit alors de repartir, de ragréer les événements et les mots, parfois les sentiments, plonger dans le mystère du silence de la marche. Matisse disait : "les détails diminuent la portée des lignes, ils nuisent à l'intensité émotive, nous les rejetons." J’ai adopté cette perspective. Cependant les lignes ne sont pas grossières, elles s’effilent et sont des porteuses de heurts et de rapprochements, de flux tendus qui parfois se brisent pour donner et rebondir, où les faits indécidables prennent naissance et s’arc-boutent aux lignes qui les portent. Ecrire c’est s’acharner à créer du silence et la page défait les nœuds, les dérobe à l’insistance de la pensée à renouer les mots avec des images, à se répéter.