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Comme un vertige supposé
comme des blancs qui se succèdent au rebord des vertiges
en terrasse des visions
en terrasse des rêves qui s'extirpent des ombres
Des clartés
dessinées ou oubliées ou dilapidées
Ces grandeurs qui basculent
et dégringolent .
Tout est répertoire de répétitions
Tout est ressemblance
et dissemblance
marqué d'un feu qui monte.
Des particularités
fausses
qui trempent dans le passé.
Et quand bien même
nous serions sur des braises
ou des cendres
sans écume
sans esprit
juste une figuration en sépia
comme tous les vertiges
qui nous mènent.
Il n'y a pas de coïncidence
seulement des rencontres
et des avantages indus
ou permis
ou transparents
des rendez-vous induits.
Nous ne gagnons sur aucun tableau
aucune scène
et la patinoire est vide, la rampe éteinte
fin d'un spectacle interminable
fin du deuil et des ressentiments.
Entre la beauté et le silence
quel est l'ascendant ?
Quel est le revers de la médaille ?
Quel est le passage
l'instinct
le regard dans le regard
ou contre lui
ou contre eux ?
Cette déchirure dans la réalité est un signe de transfiguration.
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La matérialité d'une fiction prolonge les images et les assemblages et le recours aux superpositions et aux transparences est à la base du retournement pictural du collage. La matérialité des amoncellements d'ombres, d'ombres sur les ombres, d'ombres sur les mains opalines des étoiles est une des tensions fondamentales des assemblages. Une matérialité de coutures, de fixations, d'organisations dispersantes dans un même espace, de ligatures et de systèmes de répétitions pour descendre du ciel sans tomber, sans exploser en vol alors que tout se délite alentour mais retenu par des échafaudages vertigineux et des articulations d'aplats sombres et étourdissants.
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Une fiction en retour
une réalité qui vrille
qui est l'incartade d'un égarement.
Tout est dans l'appareillage
des circonstances
et des rencontres
et des ajournements.
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Et si l'intimité était cette folie
ou l'oubli de nos intérêts
Une mésentente ? Une dimension
qui pousse au fanatisme.
Nos confidences ont de quoi surprendre
nous qui n'étions ni dans la fièvre
ni dans la querelle.
Que des mots !
Que du commerce avec l'inavouable.
Le sens est souvent le recours à une désinvolture
ou une rivalité de directions
ou une familiarité perdue.
Le jugement du vagabond surpasse celui du savant.
Dans l'ombre déserte des terrasses et des cloîtres
des portes battent
parfois sur un coup d'air
ou un coup du ciel
qui achève les mots, le langage, la parole.
Un grand silence.
C'est le manifeste suspendu
aux cimaises de la singularité.
Les légendes sont lisibles
de toutes parts qu'on les prenne
sauf quand le langage est en cause.
Alors tout est inhabité
et la parole est la notation grossière
d'une nuit qui se vide.
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Occasions ratées du langage.
Les opportunités sont à destination
dans les images amassées
et les occurrences qu'elles suscitent.
C'est une condition de la provocation verbale des images.
Une image, un mot ?
Peut-être.
Les modalités sont communes à la langue et aux ciseaux
à la salive et à la colle.
Toucher de temps en temps du sens.
Saisir les incidences toutes déséquilibrées des énoncés
avant toute dislocation.
Les réglemente de compte avec les mots
suivi d'un divorce
se déroulent toujours dans l'ombre des images
dans la sagesse de l'ombre
à l'ombre de nos aboutissements.
Enroulement, rupture, ruine du langage
et coup du sort sur les images.
État des choses et de la fatalité.
Nous acceptons toute déconvenue
pourvu qu'elle soit accomplie.
Et si tout était imitation
copie, plagiat.
Et réminiscence des reflets.
Ce que nous tenons pour expression
n'est que fantasme
en miroir des ombres
qui tombent sur nous.
Bienvenue au simulacre
et aux apparences
dans la confusion des visions
et l'habileté de nos mensonges.
La loi n'est jamais la même
elle ramasse ce qui traine des mots
et ne rechigne pas au pot-de-vin.
Aux prémisses de la vérité
il n'y a que des demi-royaumes
et des carcasses de plomb fondu
comme toute substance des mots.
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Le langage est un chevillage d'enchevêtrements discontinus et continus. Parfois le second l'emporte sur le premier. Il y manque le scellement des pierres, l'ajustage des chevilles, quelques raccordements aux frimas célestes. Et les échafaudages ne s'élèvent jamais assez haut
et
accumulation et accouplement sont articulés pour produire des formules, un ordre, un système. L'esprit est habile jusqu'à défigurer sa propre figuration. Voilà le terme. Les philosophies ne sont qu'astuces de poètes et de scribes. La substance c'est le droit fictionnel. Fin des entassements.
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L'ébranlement du langage, sa réelle amplitude et ses faux-pas ne se révèlent que dans l'écriture, une fois achevée la dénaturation et le renversement des mots dans une forme graphique qui ajoute encore à sa transmutation.
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