L'avenir est décidément une défaite. Nous ne serons pas les perdants, juste des oubliés. Apprendrons-nous à devenir ? En toute fin, les déserts sont des paysages neutres et blancs, presque légers. Tout échappe au mystère et les secrets tombent les uns après les autres jusqu'à la naissance de nouvelles visions. L'univers bascule de toutes parts, minuscule jusqu'à sa disparition dans notre regard, nos mains et nos silences. Quels sont nos héritages ? A la blessure ouverte du ciel, il reste une nuit majestueuse. Tel est le premier legs reçu en partage, la première douleur, la première larme.
Nous sommes devenus des voyageurs et, dans les ruines d'Avdat (עבדת), nous avons appris à bousculer les arrangements et les heurts subreptices de la terre et du ciel. Ce fut le second legs, la droiture et l'orage à la même enseigne de nos sentiments, de notre vision des sentiments. Il n'y a rien de particulier dans nos dérives, rien d'inattendu, aucune émotion singulière, des émotions simplement nues, et des éclats et des fracas oui, des nitescences oui, arrachées du vide et lancées en nous-mêmes pour agir encore, se décupler, se déchirer dans les mouvements du monde.
(In La morte aux charmes)
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