Cette part irréductible en nous d'un ciel nu qui n'aurait sa place que parce qu'il occupe notre mémoire, cette mémoire des faits et des êtres qui s'efface en bloc laissant un vide bleu, trop grand pour le saisir tout entier, trop haut même pour juste le toucher, des pans entiers qui disparaissent précipités vers le bas dont nous ne garderons rien, cette part gagne sur nous-mêmes, de réminiscence en négligence, d'arrière-goût en abandon.
Nous cédons trop facilement nos confidences contre un peu de silence. Forcément nous y perdons au change. Nous inventons des principes de précaution qui nous barrent la route, littéralement. Nous tombons dans nos pièges et la vie est une ligne droite brisée, la vie prise à contre-courant, devenue trop familière jusque dans nos imprudences. C'est un leurre ce ciel, une défaite qui s'ajoute à nos déroutes, une histoire mal finie. Une part de vide.
Une part en nous qui serait une induline inépuisable, profonde et bleu-noir sur ses rives, qui nous dirait les instants du bonheur et du malheur, qui serait le seul chemin, qui serait le début et la toute fin de nos sentiments. Mais quel bonheur ? Mais quel malheur ? Quel petit malheur justifierait ainsi la rémission de nos peines, l'indulgence ou l'oubli ? Mais quel bonheur qui nous lancerait en avant et ferait oublier que le vide s'emplit de nos rêves morts ?
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