Toute surprise recèle une aventure comme toute aventure est une surprise. Elle lui avait dit : Envoyez-moi une surprise... une petite surprise pour demain matin. D'accord ?
Il pensa d'abord au bonheur de la surprise. Mais une surprise sans secret surgissant n'est plus une surprise. Faire une surprise sans dévoiler le secret de la surprise, tel était maintenant son dilemme. Prolonger le bonheur de la découverte, tel pourrait être la surprise. Il y avait bien une surprise, il la garderait cachée jusqu'à son retour, voilà ce qu'il pensait. Mais répondre à sa demande ! Comment ? En dévoilant une partie de la surprise. Un paquet cadeau est déjà une surprise, une surprise faite à la surface du papier ou de la boite qui cache la surprise.
Dans la surprise, il y a deux réalités : la réalité vue et la réalité cachée. Ce que l'on reçoit, auquel on ne s'attendait pas, est déjà une part de la surprise et ce que l'on ne sait pas parce que la surprise reste intacte, indévoilée, une autre surprise comme un secret. La surprise, c'est le secret, mais un secret qui se dévoile en surface, juste en surface. La boite tient le secret en réserve pour une autre surprise.
Il se demanda : qu'attend-elle ? A-t-elle une idée de la surprise ? Pense-t-elle au secret qui charpente toute surprise ? Ou bien a-t-elle l'idée de l'aventure qu'elle aimerait vivre par surprise, dans la surprise d'un secret dévoilé ? Il se rappela ce mot d'André Breton : La surprise doit être recherchée pour elle-même, inconditionnellement. Elle n'existe que dans l'intrication en un seul objet du naturel et du surnaturel (André Breton, L'Amour fou, 1937). Comme un dehors et un dedans. Un dehors qui cache le dedans. La surprise se révèle dans cette surface du dehors qui masque la réalité de la surprise, qui est dedans.
Mais la surprise, c'est surgir et prendre. La surprise est tout entière contenue dans le secret soudainement dévoilé qui mène à l'étonnement, voire à l'ahurissement, comme un coup de théâtre. Et il pensa : chaque minute qui vient est une surprise, chaque heure devant soi la promesse de sensations insoupçonnées, chaque jour à venir l'inconnu qui surgit, un éblouissement dans l'horizon. La surprise nait du temps devant soi et le secret qui la tient est indicible qui deviendra sa raison d'être.
Il y a bien une surprise. Il y avait pensé avant qu'elle ne le lui demande. Et qu'elle le lui demande fut une grande joie pour lui, comme la révélation d'un secret qu'ils partageaient sans le savoir. Il y a bien une surprise et elle est tout entière dans cette boite qu'il tient maintenant dans la main mais dont il ne peut ouvrir le couvercle sans en trahir le secret. Cette boite lui est destinée, elle l'ouvrira quand il la lui donnera et ce sera sa surprise. Le secret est toujours à double détente et coule dans l'entre-deux du temps qu'il faut pour le découvrir et le saisir. Telle est la surprise !
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