------------ Il y a des moments qu’on oublie ou qu’on pense oublier, qui sont toujours là comme des défenses en pleine mer pour arrêter les bateaux, la lune, les pensées, tout un peuple à l’abordage et qu’on essaie de calmer. Rien ni fait. La houle est toujours plus vaste et plus forte, haussant sans cesse ses épaules, comme un désert infranchissable, comme une vengeance de la nature. Tout est dans l’obstacle qu’on cherche à éviter, on le contourne une fois, un le saute une autre fois, on l’évite encore et encore, jusqu’au moment où tout s’effondre, comme les maisons sous les bombes, comme les grands arbres arrachés vite et net de la terre par des mains vociférantes. Tout est devenu un assemblage de feuilles, de chair, de terre, de vermines et d’insectes. Tout est devenu ce qu’on attendait, des charniers à perte de vue en guise de paysage. Et voilà, la mer se calme, le vent faiblit, les ombres s’estompent, la douleur passe. Ce qui reste en nous est intraduisible, un moment qu’on oublie ou qu’on pense oublier. ------------
* sur une musique de Peter Gregson – Bach Recomposed: Cello Suite No. 1 in G Major, BWV 1007: I. Prelude
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