Une présence déroutante suivie d’une disparition imprévue ou inespérée, selon le moment, l’état d’âme, le flot de la pensée qui en redemande, qui n’en démord pas d’avoir provoqué cette chute. Un effondrement spectaculaire brouille tout regard qui tenterait de le suivre. Plongeon indescriptible des mots, tout est retard à nommer, tout est déplacement singulier à raconter. Les mots manquent. Les mots me manquent. Je l’ai revue plusieurs fois, je n’ai rien dit, je suis passé à côté de sa parole sans y répondre, je suis passé à côté de toutes ses larmes, imprévisibles. Nous sommes des reflets dans des miroirs, rien de plus, et toutes les apparitions mènent au renversement des perspectives qui nous tenaient debout même avec tous nos faux pas ou nos retranchements dans des silences artificiels, fabriqués avec des mots qui ne sont pas les nôtres. Des mots arbitraires qui seraient notre bon plaisir à détruire ou l'annonce de notre fin, de déshérence en déshérence, cette brutalité des mots oubliés ou perdus, selon le moment, l’état d’âme, l’état d’une pensée qui s’effrite et rompt le pacte qui nous liait au monde.
* Sur une musique de Georges Delerue - Solange et Christian du film Préparez vos mouchoirs