"Pour traduire le silence, il faut vivre au-delà de son propre silence, entendre et retenir toutes les voix qui se taisent en nous." (Joë Bousquet).
A la fin la nuit est demeurante, immanente. Surplus d’instants qui l’installent en amont de toute vision possible, de toute rétorsion d’une lumière incidente, névralgique, peut-être innocente, on ne sait pas. On ne connait ni sa densité, ni sa transparence, ni tout ce qui en fait une épaisseur indicible. Il suffit de traverser, de passer les seuils, de franchir les horizons qu’elle dépose sur notre chemin pour être apprivoisé. Ce n’est plus un chemin, c’est une houle de terre noire qui remonte vers nous, qui nous emporte quand on jette un regard, qui nous happe quand on respire les souffles qu’elle libère, qui nous envahit de toute sa matière lourde, concise comme un serment. Parfois les métamorphoses dépassent les apparences et la transfiguration de cette nuit qui meurt dépose ses affres "comme si notre peine lui était devenue claire en nous déchirant", évidente comme cette mort en plein visage quand on se résigne, quand on brise ce qui restait d’un vrai bonheur.
* Sur une musique de Patrick Doyle - The Ladder du film Sleuth
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