"Moselly était un artiste, dans toute la force du terme. A de rares facultés d’observation, il joignait une sensibilité des plus riches et des plus vives qui le faisait jouir intensément, mais aussi souffrir de même. Comme le poète, «son âme de cristal» vibrait au moindre choc, au plus léger effleurement. On pourrait lui appliquer en tous points ce jugement qu’il formulait au cours d’une étude sur Maupassant" (Revue Bleue du 21 mars 1914) : «Tandis que l’homme vulgaire vit sa vie quotidienne en recevant par l’oeil toutes les impressions du dehors, l’artiste, par l’éducation, sait se recréer, se façonner un sens nouveau, qui perçoit des lignes émouvantes, des contours parlants, des jeux de lumière subtils, des colorations inconnues et pourtant vraies, là où les hommes inattentifs ne perçoivent que les manifestations accoutumées du monde extérieur. Poussant encore plus loin son apprentissage, il distingue, dans le tumulte des sensations colorées, des nuances que nous ne voyons pas, qui existent pour son oeil, qui ne se sont révélées à lui qu’après une longue initiation ; il discerne, au fond des ombres les plus épaisses, les sourds accords de ton, et les vibrations mourante de la lumière, qui baignent dans l’or fluide les clairs obscurs de Rembrandt, ou bien il découvre dans l’ombre des feuillages, projetée sur les murs d’une ferme et sur le sol, les nuances outrées de la peinture impressionniste, nuances qui surprennent, mais qu’on reconnait justes, à la réflexion, car elles ne sont que de la sincérité." - Charles Daudier, article sur Emile Moselly, Le Pays lorrain d’août-septembre 1919
Emile Moselly, Nouvelles, portraits et croquis, V.1, chez TheBookEdition