A l’initiative de la société de bibliophiles Le Livre Contemporain, Emile Moselly écrit les dix nouvelles de La Charrue d’Érable qu’elle édite en 1912, illustrées de douze compositions pleine page, en camaïeu, d'après des dessins de Camille Pissarro et de vingt vignettes et dix lettrines en couleur, gravées sur bois par Lucien Pissarro, son fils, et Esther Pissarro, épouse de ce dernier. Le tirage unique de ce livre en 116 exemplaires numérotés a été réalisé par la maison d'édition Eragny Press créée en 1895 à Epping, dans l’Essex (Angleterre) par Lucien Pissarro.
Les nouvelles de ce livre n'avaient jamais été rééditées. Nous les reprenons dans cette publication chez TheBookEdition. Les illustrations proviennent de l'édition originale et sont de Lucien Pissarro. Sur les dix nouvelles de l'ouvrage, trois ont été publiées dans une revue : La Baratte dans Le Pays Lorrain en janvier 1912 ; La Vision du Père Huot dans la Bibliothèque Universelle et Revue Suisse en juillet 1912, parue sous le titre Lavandière Nocturne dans La Charrue d'Érable ; et La Moisson en février 1913, toujours dans la Bibliothèque Universelle et Revue Suisse.
Avec Moselly, nous ne sommes plus dans la stricte perspective d’illustrer les "Travaux des champs", projet pictural de Camille Pissarro. Moselly saisit l’occasion pour explorer (comme dans la plupart de ses écrits) l'âme humaine, ses aspirations et ses tourments.
Emile Moselly n'est jamais agréable ou inquiet pour rien. Avec les portraits qu'il dessine de ses observations pertinentes, nombreuses, maintes fois tournées et retournées, avec ou sans couleur, en pleine lumière ou dans l'ombre, portraits de femmes et d'hommes pour la plupart sortis du "peuple", il tente de cerner ce qui fait l'essence de cette âme humaine, ce qu'elle recèle de petitesse ou de grandeur, de plaisir et de jouissance ou, le plus souvent, de crainte et de peur et affine les visions qu’il se fait de l’humanité.
La relation à la mort, le travail et l’effort, les troubles de la folie, la solitude humaine, la bêtise, la misère, mais aussi l'envie et l'ambition, les plaisirs, petits et grands, de la vie, l’espérance d’une existence meilleure, tels sont les sujets développés par Moselly dans les nouvelles. Toute la palette des sentiments qu’il éprouve y est reprise, de la plénitude de la campagne à la rudesse de la vie rurale, en passant par les hauts et les bas d'existences souvent miséreuses, parfois lassées des vilénies du temps ou de l'époque. Moselly ne s'écarte pas de son projet : donner une parole aux humbles qu'il côtoie et parmi lesquels il a trouvé les portraits vivants qu’il immortalise avec tout son talent littéraire d’impressionniste.
La Charrue d'érable chez TheBookEdition (clic sur le lien)
mais aussi :
Les Cahiers, 1890-1914
Nouvelles, portraits & croquis, Volume 1
Nouvelles, portraits & croquis, Volume 2
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