Le 11 juillet 1891, E. Moselly obtient sa Licence es lettres à l'Université de Nancy. Le 10 novembre, il part au Service Militaire, affecté au 6ème Bataillon d'Artillerie de forteresse, au fort de Lucey (Camp retranché de Toul). En juin-juillet 1892, il fera un séjour au camp de Châlons (Mourmelon).
Libéré de ses obligations militaires le 18 septembre 1892, et après quelques semaines passées à Chaudeney-sur-Moselle, il arrive, boursier d'agrégation, à Lyon le 2 novembre, pour préparer l'agrégation de Lettres classiques.
E. Moselly passe un peu moins de trois ans à Lyon (interrompus d'août à septembre 1894 par une période militaire) pour préparer et obtenir cette agrégation. Après l'oral à Paris, il est agrégé de l'Université le 1er septembre 1895.
Avec Les Etudiants, écrit dans les années 1908-1910 et publié sous forme de feuilleton dans La Grande Revue entre décembre 1911 et mars 1912 puis à la Librairie Ollendorff en 1919, E. Moselly va raconter, de manière à peine romancée, ses années lyonnaises, donnant à son double, Jean Mesnil, ses propres ambitions sociales et littéraires et, surtout, le même dilemme d'avoir à choisir entre une carrière de professeur ou, parce que c'est son origine, un retour à la terre auprès des siens, ce qu'il ne fera pas mais ce que fera Jean Mesnil, par choix sans doute mais aussi en raison d'un échec aux examens de l'agrégation. Telles sont les interrogations d'E. Moselly : s'élever socialement et devenir, in fine, un "lettré" (on dirait aujourd'hui un "intellectuel") au prix d'un reniement de ses origines paysannes. C'est toute la trame de cette histoire.
Emile Moselly reviendra souvent dans ses nouvelles et ses romans (Terres lorraines, Fils de Gueux, Joson Meunier) sur le thème du "déracinement" qu'il vit de manière intime et consacrera de nombreux passages sur la vanité des études pour faire "carrière" alors même qu'il goûte, au fur et à mesure de sa vie, tous les avantages d'une existence sortie de l'ornière paysanne. Pour autant, il ne reniera pas ses origines et en fera la trame de la plupart de ses écrits.
Les rencontres de gens simples qu'il fait durant son service militaire lui avait remis en mémoire ses origines modestes et campagnardes. A Lyon, la prise de conscience est manifeste et le 2 février 1893, Moselly écrit dans ses Cahiers : Je suis peuple, comme dit l'autre, et je veux faire peuple. Mais il se félicite un mois plus tard d'avoir quitté Chaudeney pour s'élever au-dessus de son milieu : Au lieu de me laisser croupir dans la fange de là-bas, écrit-il à sa mère, tu as fait de moi un homme ; tu m'avais déjà donné tout ce qu'on peut espérer en force, en vigueur ; tu as ajouté à cela la culture et tu as voulu que je sois quelqu'un. Merci...
Les Étudiants raconte ce "déracinement social et intellectuel" que Moselly vivra tout au long de sa vie - et dans son œuvre - comme une "trahison sociale".
Chez TheBookEdition