Une île
Où il est question d'une île, entre deux temps, entre-deux à la crête du silence, au quatorzième étage du monde. Une île qui serait le point focal des raisons d'accoster, qui donnerait à survenir, une île qui ne serait jamais l'à-côté mais le milieu de tous les horizons. Seuls les naufragés, sur leur chemin brisé, abordent les îles ; seuls les naufragés échouent dans le plaisir de retrouver pied ; seuls les naufrages font naître les îles. Où il est question d'un île au faîte de l'entre-temps qui serait là à bon escient.
Où que l'on tourne, la rive est claire, inachevée vers l'océan, en avant du désir, en éclaireur, de bout en bout des rêves qui finissent, du ciel respirant au ciel noir autour de la Grande Ourse, du ciel jaillissant au ciel blanc des grands matins, où que l'on tourne il faut espérer d'une île qui ne serait d'aucune carte mais qui serait à sa place, une île à l'accostage, une île de cap à terre.
[...] Une île / Et qu'il nous reste à bâtir / Mais qui donc pourrait retenir / Les rêves que l'on rêve à deux / Une île / Voici qu'une île est en partance / Et qui sommeillait en nos yeux / Depuis les portes de l'enfance / Oh, viens / Viens mon amour / Car c'est là-bas que tout commence / Je crois à la dernière chance / Et tu es celle que je veux [...]. Jacques Brel
Une île