Chère N...
En embuscade, légèrement en retrait, parfois caché dans les ombres d'arbres bleus quand le soleil plonge à raz de terre, le plus souvent assis adossé à un vieux mur, il observe les escarpements qui cassent la terre sur une ligne qui va de lui vers le ciel, autant de plis qui retiennent son regard - une sorte de vague à l'âme - et lui font comprendre le mouvement morcelé de la terre sur la terre. Plus haut, à mi-chemin, la frontière commande l'agencement ultime de ce paysage : tout tient sur le cordage rouillé, le ciel, la terre, lui, les arbres autour de lui, les couleurs, les ronces, les failles rehaussées de lumière. Sans ce trait l'histoire serait inachevée et ce qu'il verrait ne serait qu'abysse. Il revient à son mur, le soleil descend encore.