Comment penser les frontières ? Des lignes, des marges, des astreintes ? Et dans ces marges, quels signes pour comprendre qu'il s'agit de frontières ? Dans ces marges, des traces qui seraient le sens et donneraient la lecture du vide de ces marges ? Où débutent-elles ? Quelle en est la fin ?
Des barrières, des obstacles, des interrogatoires ? Des interrogations sans attache, du vide dans les sentiments ? Et dans ce vide, quels mots, quel souffle pour dire la frontière qui s'étire, dans le temps, l'espace, l'humain ?
Mais penser les frontières, c'est dire le dérisoire et la vanité. Nous abritons des réceptacles et des lignes qui nous partagent, nous-mêmes frontières.
Avant et après la frontière sont la même chose : passion de la découverte, méfiance des lendemains, introspection exigeante où le jeu est de dépasser - toujours dépasser - ce que nous étions et ce que nous deviendrons. Ce qui était devant fuira, ce qui était avant a déjà fui.
Une fuite, une halte, un repos ? La ligne des lignes de fuite d'une raison qui ne sait pas s'établir autrement qu'en cloisonnant son monde ? Une fuite encore pour faire obstacle à une interprétation trop simple de ce point focal de tous nos agissements ?