Pour contrecarrer les augures, défaire les pronostics, déranger les syllabes des devins et des prophètes, parce que le soleil n'est jamais aussi neuf que dans un matin calme ; pour dévoiler les abandons et briser les fausses promesses - ce ciel qui n'en sera jamais un - et fermer cette échancrure sur le vide au moment de la mort - après rien - ; pour bannir la renonciation, la compassion et le délaissement, où le désert glisse sur lui-même et se sépare en deux pour accueillir les tribus rivales ; pour en finir avec les certitudes nées des frontières et des limites - franchir enfin les traverses, les ponts, se jeter et jaillir dans l'orage - ; pour révéler ce qui en soi résiste aux démarcations de toutes sortes - cette confiance en soi pour avancer, cette franchise envers soi pour avancer - ; pour pénétrer plus loin dans l'inébranlable foi en soi parce qu'il reste à conquérir ce qui nous fait terrestre, fragile, humain et tutélaire ; pour grandir en soi - grandir enfin et passer la frontière.