Cette insistance à battre le feu. Le désert avance, l’armature végétale est réservée derrière des barrières droites, suffisantes. Il est interdit d’organiser la succession des mouvements. Tout bouge dans un souffle immobile. C’est ainsi. L’œil est fixe, la respiration arrêtée, le silence installé dans le regard, vision rendue infirme et défaite. Les étais du ciel s’effacent sous le feu, il y a tant de blessures que la patience n’y suffit plus. Il faudrait renoncer ? S’arc-bouter par lassitude ? S'effondrer ? (*) Devenir étai et brûler ? Finir par espérer ? Ou faire un pas, éprouver cet écart en soi, faire un autre pas.
(*) "Effondrement, répéta-t-il. Ce mot évoque à la fois l'équilibre qu'on perd, le vertige qui se saisit du corps, le sol qui s'ouvre, l'appréhension de l'engloutissement mais l'attrait du vide, la folle approbation au fait de disparaître, et cet appel de la mort..".
Pascal Quignard, Carus, 1979