Autour des fontaines, le futur est obsédant, intransigeant. Mais les fontaines ne coulent plus et les tombeaux ouverts des yeux - d'où plonge le regard quand les yeux sont fermés ? - laissent filer la lumière, les raisons de la lumière, la clarté entière du monde. Là, l'ombre est venue ; ici, elle casse sur des claustras vides ; plus loin, elle s'élève devenant le début de la nuit. Autant de feintes de l'ombre sur la lumière.
Voilà l'oubli : ce signe timide de la main pour dire au revoir et taire les adieux. Mais les fontaines ne coulent plus et la place est déserte, élevée vers la nuit, illimitée le long des coursives qui n'abritent rien ; où, il y a juste un instant, des fantômes allaient et venaient, espérant la rencontre. Ils dorment maintenant, installés le long des parapets : où, juste après, allongeant le pas car le vide attire, il faut quitter l'endroit qui replonge dans l'ombre. Mais les fontaines se taisent, délibérément, jusqu'au jour prochain.