MARTEL EN TÊTE
Instinctivement, défaire la corde, délier le regard, laisser venir la mémoire.
Instinctivement, c'est-à-dire avec prudence.
Le temps ne compte pas dans les détours d'une mémoire vide qui cherche à combler les vides de la vie.
Avec regret pourtant pour les instants perdus de cet instant à naitre quand un seul rêve suffit pour être toute la mémoire, tout l'être, toute la vie.
Avec constance revenir au tout début du jour, tourner dans tous les sens la page déchirée - arrachée même - de cette mémoire en instance, toute entière pliée sur elle-même, comme un ultime obstacle à son apparition.
Marteler l'horizon qui lui tient lieu de lit et délacer les plis qui refluent en elle, s'aventurer plus loin jusqu'au terme des digressions qu'elle tisse pour feindre d'être. Assembler enfin ce qui semblait détruit.
Instinctivement, dénouer la corde qui la tenait, libérer la mémoire.
(Photo : Bombay, 2002)
Commentaires
Vous pouvez suivre cette conversation en vous abonnant au flux des commentaires de cette note.