EN CREUX
Rapporter de là-bas la lumière blanche, les jours laiteux, les ombres détourées, les ombres mauves sous les arbres dispersés, la terre rouge, la terre-sable lacérée d'étoiles qui entame les rochers noirs qui sortent d'elle, seulement par endroit, mais des endroits déterminés qui ne doivent rien au hasard, des espaces nécessaires, intimement liés à d'autres espaces plus vastes, plus vides où passent des hommes et des femmes, des enfants seuls, parfois des ombres.
Rapporter de là-bas des gestes, des regards, des demi-sourires, pour dire non, pour dire oui, des signes de cette attente interminable que quelque chose advienne, qui ne viendra jamais, des signes encore comme des éclats bleus, des rêves clairs, de longs souffles qui s'éteignent avec le début de la nuit et, au milieu, la foule épaisse des fêtes qui se dispersent avec ses lambeaux d'enfants qui poussent sur ses flancs.
Rapporter de là-bas la lumière et les ombres des premiers renoncements, des dernières espérances ; rapporter de là-bas l'ivresse instantanée des artifices et des sortilèges. Il y avait des ombres, elles sont restées des ombres et nos rêves n'ont rien dit quand nous les avons croisées, opportunément réelles.
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