FOULER LA TERRE
En prévision d'un retour et, dans ce trajet, une rencontre ; en prévision d'un grand désir dans un espace à peine plus grand que lui, un dé à coudre suffirait ; en prévision d'une lumière qui soulignerait un plissement d'œil, un pli moqueur de la bouche ; en prévision de cette incertitude à satisfaire le cœur, la raison, cette petite-âme-entre-les-deux et qui ferait rebrousser chemin, mais à l'envers, à contre-cœur ; en prévision d'une lumière plus éblouissante à l'approche des maisons qui se resserrent, des ruelles qui deviennent plus étroites, des étoiles devenues grouillantes dans l'eau des caniveaux ; en prévision de cette explosion rare des parfums et des couleurs dans la foule massée sur le seuil du monde à venir, tant espéré, tant redouté ; en prévision d'une grande clameur, bras levés, en foulant le tapis de braise du désir et de la reconnaissance dans une palabre de rédemption, mais c'est le cœur qui tremble et qui saute, et le souffle qui déraisonne ; en prévision de ce plein de sentiment qui alourdit les membres et allège la peur, la peur de cette terre qui monte en soi et rayonne inexorablement.
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