FACE AU GRAND ARBRE
Une place vide, un ciel échevelé et, derrière, l'autre ciel sans trace, sans étoile, un aplat bleu, immense, désormais sans limite où l'aile de l'oiseau étincelle sur sa crête, brusquement retourné, fusant, ramené sur lui-même, puis un cri, un seul dans ce vide de l'âme, un cri aigu, vociférant parfait, ultime vertige de soi dans le bleu réel d'un ciel ouvert.
Silence
Un coup de vent efface tout, les lumières, les ombres, les lumières dans les ombres et donne sur une nouvelle clarté, absolue. La vie revient. Le centre du monde s'est déplacé sur ses bords, remue dans les marges, se fait ressac bouillonnant, grotesque, infantile, défait les talus, tue les adolescences, devient grave, furtif, suspect et plus loin, à portée d'une voix, le grand arbre n'a pas bougé, hiératique.
Silence
La belle humeur, la belle amante dans son lit cérulé aux arpents déboutonnés, corsage ouvert sur une forte poitrine, à moitié nue, errante dans le ciel au-dessus de soi, égarée pour l'éternité, la belle amante aux bras nus revit ses premiers jours, ses premiers sursauts, ses premiers spasmes, blottie au cœur de l'autre, d'un coup se lève, se libère de ses derniers habits, se dresse, s'arcboute, hausse sa croupe bleu dans un ciel devenu elle-même et attend, désespérément, de jouir.
Silence
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